Un bref rappel des débuts de l’agriculture biologique

L’Agriculture Biologique est apparue dans les années 1920, en Allemagne avec le mouvement biodynamique de Rudolf Steiner. Celui-ci a donné naissance en 1934  au label Demeter, qui a œuvré afin que les produits issus de l’Agriculture Biologique aient leur propre label.

C’est au tour de l’Angleterre dans les années 40, qui va connaître un mouvement écologiste prônant le compostage et le retour à une Agriculture respectueuse de l’environnement.

En France, c’est plus tardivement que l’agriculture biologique s’est installée. Elle se met en place dans les années 60, alors même que l’agriculture intensive est à son apogée. L’association française pour l’agriculture biologique est née en 1962 ; dans les années 1980 la France prend de réelles dispositions avec les premiers décrets et les premières lois pour la création du cahier des charges. (loi d’orientation agricole du 4 juillet 1980 et décret du 10 mars 1981 : définition des conditions d’homologation des cahiers des charges et substances pouvant être utilisées dans la production, la conservation et la transformation des produits agricoles dits biologiques).

En 1991, la Communauté Européenne officialise l’Agriculture Biologique, puis en 1999  les règles apparaissent concernant la production, l’étiquetage et l’inspection en matière d’élevage.

Le vin Biologique est reconnu depuis le 8 février 2012 par Bruxelles. Auparavant, on parlait de vin « issu de raisins de l’Agriculture biologique ». Aujourd’hui, il existe un cahier des charges pour la vinification afin que le vin puisse porter le label AB.

 

L’histoire du vin bio au Château SUAU

Les vins du Château SUAU ont progressivement été produits en agriculture conventionnelle, puis en agriculture raisonnée. C’est à partir de 2008 que la décision de convertir le vignoble en agriculture biologique a été prise pour le bien-être des salariés, des consommateurs mais également dans une prise de conscience écologique.

Le vignoble a été converti progressivement de 2008 à 2013, pour d’une part évaluer l’impact sur la qualité du raisin (et donc des vins) et d’autre part pour laisser à l’équipe le temps de se former à cette nouvelle culture.

Nous l’avons aussi échelonné pour limiter les pertes de récolte. Cela permettait de limiter les risques aux premières parcelles converties.

Le fait de convertir parcelle par parcelle nous a également permis de nous équiper progressivement en se procurant le matériel pour le travail et le traitement de la vigne, fortement coûteux.

Cette volonté de passer en bio a fait preuve de beaucoup d’incompréhension et de scepticisme de la part des collègues viticulteurs. Ils pensaient cette conversion coûteuse, longue, fortement risquée (ce qui est toujours le cas dans des climats tels que le nôtre), ne répondant à aucune demande.

Mais aujourd’hui, l’évolution des pensées, la connaissance de l’agriculture biologique et surtout la demande exponentielle des consommateurs nous donnent raison dans notre choix.

C’est en 2008 que la conversion commence avec les 9 premiers hectares. Puis tous les ans :

  • 2009 : 16 hectares
  • 2010 : 9 hectares
  • 2011 : 11 hectares
  • 2012 : 16 hectares
  • 2013 : 5 hectares

 L’histoire de la conversion en bio d’un point de vue technique

Eric, notre directeur technique nous raconte comment s’est déroulée techniquement la conversion de nos parcelles.

« Parcelle par parcelle, nous avons arrêté dans un premier temps le désherbage chimique. Nous avons tout d’abord investi dans du matériel de désherbage mécanique. Nous avons également stoppé tout traitement avec des produits chimiques pour n’utiliser que du soufre et du cuivre afin de prévenir et combattre les maladies.

En fait, au-delà des obligations liées à la certification, il s’agit vraiment d’une philosophie et tout un cheminement intellectuel s’effectue. On change complètement son rapport à la vigne et au sol. On taille la vigne en Guyot Poussard pour respecter les trajets de sève, on passe d’un épamprage chimique à un épamprage manuel (ainsi on ne désherbe plus le pied de vigne pour enlever les « gourmands » ),  on préserve la biodiversité des sols, on essaie de ne pas les tasser,  on suit la météo jours après jours pour anticiper les maladies, etc …

Au niveau du Chai, les contraintes sont beaucoup plus strictes :Barils modernes - L'Histoire du vin bio et l'agriculture biologique

  • Le taux de soufre autorisé est limité à 100mg par litre
  • Les ingrédients utilisés pour la fabrication du vin doivent être biologiques
  • Une liste d’additifs autorisés est imposée, tout le reste étant interdit
  • Certaines techniques utilisées en conventionnel sont interdites

Il faut avoir une bonne santé financière pour passer en bio. Les investissements à réaliser sont lourds, et lors des 3 premières années de conversion, les vins ne sont pas valorisés en agriculture biologique même s’ils sont conduits selon le cahier des charges AB. Sans compter les risques sanitaires de la vigne si la conversion est mal conduite !

Malgré tout cela, ce changement de culture est une belle aventure, riche en apprentissage. Nous avons beaucoup appris sur la nature de nos sols, la façon de travailler nos vignes, le respect de la Nature et de ses cycles. Nos vins aujourd’hui expriment encore mieux notre terroir, et nous en sommes fiers ».

 

Depuis 2014 toute notre production est bio. Venez découvrir notre gamme sur notre site chateausuau.com.

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Manon Nyst

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