Le bio prend de l’ampleur, les producteurs s’adaptent progressivement. Quels sont les questionnements actuels sur les transformations de l’agriculture biologique ? Comment répondre à la demande en produits bios ?

La demande en produit bios ne fait qu’augmenter, la polémique sur le glyphosate aidant mais aussi les nouveaux modes de consommation. En 2015, 89 % des Français ont déclaré consommer bio au moins occasionnellement, contre 54 % en 2003, selon le baromètre Agence bio-CSA. En 2017, comme le dit bien Antoine Gerbelle (créateur de Tellement Soif, une webTV sur le vin), on ne peut plus se foutre de ce qu’on a dans son assiette. “Les jeunes consommateurs qui viennent au vin arrivent souvent avec une vision écologique”.


Alors même que les produits bios riment aussi avec moins de rendements ; politiques, industriels et vignerons essayent de trouver une solution. Récemment, ces problèmes de rendements ont été contredits par une étude américaine de Proceeding of the Royal Society, soulignant que les déficits de productivité des méthodes biologiques par rapport à l’agriculture intensive, ou industrielle, étaient moins importants qu’on ne le pensait. Il serait donc possible de réduire l’écart à 19,2%, voir même moins en utilisant le mode des cultures associées (plusieurs plantes cultivées sur la même parcelle). La recherche en agronomie devrait aider les agriculteurs ces prochaines années pour améliorer les performances.

D’autre part, cette année, c’est 20% du marché qui a progressé et 30% des surfaces bios, soit 6% de la Surface Agricole Utile en France. Il y a donc encore de ce côté là, une importante marge de progression envisageable.  Pour répondre à la demande dans un premier temps, Il est possible de se regrouper en coopérative, de former et accompagner les nouveaux producteurs et surtout, de ne pas négliger les ressources humaines qui augmentent forcément lors de la transition.

Avec l’envolée des chiffres et les prises de conscience généralisées, les débats vont bon train. Le temps où l’on cherchait à opposer agriculture biologique et conventionnelle sera-t-il un jour révolu ? La production biologique ; souvent jugée utopiste et inefficiente ; sera-t-elle toujours en contradiction avec la production conventionnelle ; caractérisée comme  pragmatique et hyper-productive. En trente ans, les pratiques des vignerons en culture conventionnelle ont évolué dans le bon sens, avec une limitation des intrants et un meilleur dosage. La transformation s’opère et les frontières vont se brouiller. La culture biologique bannit les produits de synthèse, et restaure la matière organique des sols, il n’existe cependant aucune mention de la taille limite d’une exploitation ou du mode d’exploitation dans le cahier des charges. Il y a une rationalisation du mode de culture biologique. Avec cette expansion du bio, on craint à juste titre de la voir dépossédé de ses valeurs. Mais la rigueur du label français et les contrôles se portent garant. Tout en préservant la confiance des consommateurs, il faut soutenir l’essor du marché en favorisant la débureaucratisation.

Au château Suau, nous sommes fiers d’être en culture biologique depuis 2008, avec 66 hectares. Une grande exploitation par rapport à la moyenne des propriétés viticoles en label bio, mais encore loin de l’industrialisation !

 

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