Si l’on associe facilement la bière aux moines, notamment trappistes, la relation n’est pas aussi explicite avec le vin. Bien évidemment chacun sait que le vin est plutôt utile lors d’une messe, associé au sang du Christ (ce dernier ayant réussi à changer de l’eau en vin, nous nous devons de vous le rappeler), mais le lien qui lie le clergé et la vigne est en réalité très ancien. Il faut dire que, de tous temps, le vin été une boisson religieuse. Dans la Grèce antique, le vin était sacré, un dieu à son honneur fut glorifié : il s’appelait Bacchus.
Eglise et vin, une histoire commune
Posons les bases tout de suite. Si le vin a été approché par l’Eglise, c’est avant tout car ces hommes de dieu en avaient besoin pour la communion : le fameux vin de messe. Au passage, il faut noter que ce dernier était souvent blanc car, contrairement au rouge, ses tâches sur la lingerie blanche du clergé étaient moins remarquables, et plus facilement lessivables. Pratique.
Historiquement, ce sont les romains qui apportèrent la vigne dans la Gaule occupée. On trouve les premières traces de culture de la vigne en France à Gaillac, dans le Tarn. Ce n’est qu’au Moyen-Âge que, la religion chrétienne étant en plein essor, les moines firent l’acquisition de terres pour y planter de la vigne. Elles furent d’ailleurs largement situées aux abords des abbayes et autres lieux de résidence du clergé. Le vin, outre l’importance qu’il occupe lors de la messe est aussi une précieuse source de revenu pour l’Eglise, à l’époque.
Mais, au fil du temps, les religieux se prirent au jeu et développèrent de réelles compétences ainsi qu’un savoir-faire précieux : dans la sélection des cépages, la conservation du vin par exemple. Le vin était souvent très acide à l’époque comme en témoigne cette citation « Pour le boire, il faut être quatre et un mur, un qui verse, un qui boit, deux qui tiennent le buveur et le mur pour l’empêcher de reculer ». C’est dire si des améliorations ont pu être apportées.
Ce sont d’ailleurs les moines qui, au XIVème siècle apportèrent la notion de terroir, grande composante d’un vin encore aujourd’hui. Ils sont à l’origine de plusieurs avancées viticoles, comme le perfectionnement du pressoir, l’édification de murets pour protéger la vigne des assauts du bétail. Malins !
Cet héritage se sent encore par le nom de certains domaines, même parfois des villages renommés pour la qualité de leurs vins. C’est le cas par exemple de Saint-Emilion. Ce village a pris le nom d’un moine breton en exil en Gironde, au VIIIème siècle. Il fut en effet obligé de s’exiler suite à un trop grand nombre de miracles réalisés ! Les pèlerins affluant en trop grand nombre à sa porte, il trouva refuge dans le village qui porte aujourd’hui encore son nom. Les grands vignobles actuels de l’appellation sont tous des anciennes terres du monastère.
L’essor de la culture de la vigne en France est donc largement redevable du clergé, qui fut pendant longtemps le moteur du progrès agricole. Toutes les régions viticoles de France furent concernées par ces avancées. On trouve facilement des récits en Bourgogne, dans le Jura, l’Alsace évoquant ces phénomènes lointains. Une histoire riche, c’est aussi ça qui fait la magie du vin !