Depuis quelques années et en coïncidence avec sa forte croissance économique, la Chine a les yeux tournés vers Bordeaux et ses vins. La réciproque est aussi valable. Les échanges vont en effet dans les deux sens entre l’Empire du Milieu et la capitale girondine. Du vin de Bordeaux part massivement sur le marché chinois, tandis que des investissements dans le vignoble sont opérés par les asiatiques. Certains voient ceci d’un mauvais œil, d’autres sont plus tempérés. Comprenons ce qui se joue en ce moment sur ce plan.
Bordeaux : ce qui se passe Chine
Commençons par un chiffre fort : ¼ , c’est ce que représente la production de vin de Bordeaux, en partance pour la Chine. Ce chiffre a de quoi impressionner et explique les relations fortes entre les deux places, la Chine devenant la première destination d’export de vins de Bordeaux.
En Chine, le vin de Bordeaux jouit d’une belle image et d’un engouement sans cesse en hausse. On estime qu’en volumes, l’Empire du Milieu a importé 22% de vin de Bordeaux en plus en 2016, par rapport à l’année précédente. Une histoire d’amour qui perdure. Les vins girondins sont d’ailleurs les leaders en termes d’importation, dans ce pays d’Asie.
Les vins de Bordeaux ont non seulement gagné en respect là bas, mais ils ont aussi été officiellement reconnus en temps que AOP en 2016, du jamais vu. Si c’est le savoir-vivre à la française et une certaine vision du luxe qui motiva les achats dans un premier temps, on assiste aujourd’hui à une éducation du vin grandissante : c’est réellement la recherche d’excellence du produit qui soutient la croissance. Fini les buveurs d’étiquettes, la curiosité et la connaissance ont fait leur travail et nous avons maintenant affaire à de véritables connaisseurs.
Chine : ce qui se passe à Bordeaux
Vous devez sans doute le savoir, mais les investisseurs chinois sont relativement présents sur la place de Bordeaux. Aujourd’hui, on estime que 2% du vignoble de Bordeaux est détenu par les ressortissants de ce pays. Cela représente environ 120 propriétés et 3000 hectares de vignes. Mais, bien que leurs efforts soient intenses, ils n’en restent que les deuxièmes étrangers à acheter des propriétés viticoles. En première position, les Belges.
Récemment Jack Ma, le fondateur d’Alibaba (le Amazon chinois) a fait l’acquisition de deux Châteaux supplémentaires, portant à trois le nombre de ses propriétés. De nombreux millionnaires chinois se tournent progressivement vers le bordelais. Mais pourquoi donc ?
Plusieurs raisons peuvent expliquer ces investissements massifs vers la Gironde : il y a une certaine volonté de la part des chinois fortunés à investir en dehors de la Chine. On peut comprendre la crainte quant à une forte croissance : elle peut s’effondrer d’un moment à l’autre.
Aussi, il y a une certaine idéalisation de la culture française et devenir “châtelain” est considéré comme le Saint-Graal de la réussite sociale.
En termes de bénéfices pour les vins de Bordeaux, ils sont multiples et non négligeables. En un mot, ils permettent de redonner un dynamisme à certaines demeures en désuétude. Les outils de travail sont améliorés et on sent une grande volonté de développer l’œnotourisme chez les néo-propriétaires. Autre aspect, qui concerne l’image des vins de Bordeaux cette fois : les vins expédiés en Chine apportent à la région un gain en notoriété important, qui peut inspirer des envies de voyages. Cela se traduit par 6 millions de Chinois venus visiter Bordeaux, en 2015 (+31%). Cause à effet, donc.
Un dernier mot, qui peut être un bémol quant à l’optimisme, en évoquant les suspicions de fraude émises par la Chine sur certains investissements. La Chine enquête depuis peu en ayant mis en place un vaste plan contre la corruption. Mais lorsque les zones d’ombre seront levées, il n’y a aucune raison de douter sur la continuité des investissements Chinois dans le vignoble de Bordeaux.